MCR-e Sàrl

Le 30 juillet dernier restera dans l’histoire du réseau de Romande Energie. En effet, entre 14h00 et 14h15, la production d’énergie décentralisée principalement issue du photovoltaïque fut plus élevée que la consommation totale de nos clients. La transition énergétique est bien lancée. En 2021, nos équipes ont raccordé plus de 2.000 installations PV, en 2022 4.000 et à mi-année 2023 déjà 4.000 ! Les pompes à chaleur, les batteries, les bornes de recharges explosent aussi tous les records et à chaque fois ce sont de nouvelles puissances de production ou de consommation qui s’ajoutent sur les réseaux. La Confédération prévoit en 2050 45 TWh de production solaire en Suisse, nous en produisions à peine 4 en 2022, donc nous allons devoir faire encore x 10 ! Pour nos réseaux, c’est une révolution. Il faut sans cesse les renforcer, changer les câbles, les armoires, les transformateurs. Tout ceci coûte : du temps, de longues discussions avec tous les riverains, de l’argent payé au final par tous les clients dans leur facture. Les nouveaux propriétaires de panneaux photovoltaïques sont les acteurs de la transition énergétique. Pour financer leurs installations, ils comptent sur les subventions, les déductions fiscales possibles, la consommation de leur propre électricité, et sur le prix de reprise de l’énergie refoulée sur le réseau quand ils ne la consomment pas. Chez Romande Energie, ils touchent par kWh refoulé 18.6 centimes en 2023, un prix attractif car s’ils devaient la revendre eux-mêmes sur le marché, cette semaine par exemple, ils auraient touché 8 centimes seulement. Pour l'avenir, de gros défis nous attendent et attendent ces producteurs. Plus il y aura d’installations, plus l’énergie refoulée sur le réseau augmentera aux heures de pointe en été, et donc moins cette électricité vaudra quelque chose. Les distributeurs ne pourront donc pas continuer à reprendre cette énergie à un prix élevé et garanti à l’année, au risque de devoir souvent la revendre à perte. On a même déjà vu en Suisse, à certains moments de la journée, des prix négatifs, c’est-à-dire que le propriétaire de cette énergie doit payer pour qu’on la lui reprenne. D’où l’intérêt des solutions de flexibilité existantes et à venir comme les batteries ou l’écrêtage des installations. Pendant ce temps, le parlement discute de nouvelles modalités de reprise de cette électricité. Il semble que se décide une harmonisation du prix de reprise au niveau Suisse, prix qui sera fixé par le Conseil Fédéral sur base de l’amortissement des installations de référence sur leur durée de vie. Le législateur doit prendre toute la mesure de la révolution en cours et ne pas se tromper dans la fixation du cadre légal à venir. Les producteurs, qui ont investi sur 20 ans, doivent s’attendre à des évolutions de leurs conditions cadres. Et les gestionnaires de réseau électrique doivent se préparer à encore de nombreuses années d’investissements dans leurs infrastructures.